23.5.11

Paysages, prisons et démons

Wine Glass Bay

C’est encore un peu congestionnée que j’ai parcouru le chemin pour aller un jeter un coup d’œil à Wine Glass Bay près des monts Hazards. En anglais, hazard ne veut pas dire hasard dans le sens d’imprévisible, mais plutôt dans le sens de s’hasarder vers une voie dangereuse. Pour se rendre à la baie, il fallait monter, s’arrêter pour la vue et ensuite redescendre pour s’y rendre. Une heure et demie à l’aller, idem au retour. Je crois que par ce temps-ci j’avais eu ma dose de randonnées australiennes, et mon rhume n’aidait probablement pas. N’empêche que le paysage était quand même bien, mais encore mieux l’histoire du nom de l’endroit.
Certains diront que la baie a la forme d’une coupe de vin, mais ça fait plutôt référence à la couleur de la baie lorsque l’Européen a nommé l’endroit. Les aborigènes y étaient en train de saigner la baleine qu’ils avaient capturée et l’eau était devenue rouge avec le sang. Comme notre guide l’a si bien dit, ce n’est pas ce que les agences touristiques veulent promouvoir, mais c’est la vérité.
Sur le chemin vers la baie

Notre après-midi a surtout servi à parcourir les quelques centaines de kms qui nous séparaient de Port Arthur. On a quand même fait quelques arrêts photographiques.
Ce soir-là, notre gîte donnait sur un espace gazonné prisé par les pademelons, un petit marsupial. J’en ai donc profité pour aller les observer sous le faisceau de la lampe de poche. Absolument adorables, mais plus sauvage que ceux que j’avais vus proche de Melbourne car ceux-là étaient dans un endroit sans prédateur.
Un pont fait par des prisonniers

La tombée du jour près de Port Arthur

Le lendemain matin, on est allé voir le site qui a fait la réputation de Port Arthur, le camp prisonnier. Au premier coup d’œil, le paysage paraît très bucolique et je suis certaine que les premiers prisonniers croyaient qu’ils s’y la couleraient douce. L’endroit était utilisé au début, en 1830, pour y extraire les arbres à l’aide la main d’œuvre incarcérée. Rapidement, les prisonniers sont devenus une main d’œuvre essentielle au fonctionnement de la colonie, fabriquant de tout, passant des briques aux chaussures. Le surplus qui ne servait pas à Port Arthur était vendu à Hobart et ailleurs. Dès 1833, on y envoyait les criminels récidivistes. Par 1840, ils étaient  plus de 2000 prisonniers à occuper l’endroit. On devait y être très tassé. Le système carcéral de l’endroit récompensait ceux qui ont bien voulu se réformer et certains sont devenus des hommes libres qui ont su exploiter leurs talents de forgeron ou de cordonnier. Cependant, la plupart demeurèrent et éventuellement, au lieu d’utiliser le châtiment corporel, on utilisa l’isolation comme punition. Ces prisonniers devenaient des numéros et n’avaient aucune interaction avec les autres prisonniers. Même dans la chapelle, chacun devait porter un capuchon et se tenir dans un isoloir le temps de la cérémonie. (Normalement, j’aurais écrit célébration eucharistique, mais il me semble que le terme célébrer ne s’applique pas vraiment dans ce cas-ci.) Certains ont tenté de s’échapper, mais Port Arthur se trouve sur une péninsule, et le passage étroit qui relie l’endroit à la terre ferme était occupé par des chiens prêts à attaquer.
Le lieu carcéral de Port Arthur

Les militaires et leurs familles habitaient aussi à Port Arthur. Ils avaient leurs maisons, et leur parc pour se promener, gardant ainsi leurs habitudes bourgeoises.
En 1853, on cessa de transporter les criminels vers la Tasmanie et le lieu devint une institution pour les prisonniers souffrant de problèmes physiques et mentaux.
Le lieu carcéral fut fermé en 1877. Les gens de la place ont tenté de se dissocier de l’endroit en le renommant Carnarvon. Pourtant, dès la fermeture, des touristes, ayant eu écho des histoires d’horreur de Port Arthur commencèrent à visiter l’endroit et rapidement, le gouvernement a pris le relais et fit l’acquisition des bâtiments restants pour en faire le lieu touristique de c’est aujourd’hui. Hélas, la violence est revenue hanter l’endroit en 1996 alors qu’un homme armé a tué 35 personnes et en blessa 19 autres.
La *vue* d'une cellule

Les vestiges du Pauper's Depot

Le district militaire

Le moulin devenu pénitencier

À gauche, l'île où ils enterraient les morts, à droite, la péninsule où on
éduquait les jeunes prisonniers mineurs.

Le parc où se promenait les bourgeois

L'église n'a en fait jamais été bénie

On a finalement dû laisser derrière nous ce lieu à la fois paisible et sinistre pour aller visiter un autre genre de démon : le diable de Tasmanie.
Un petit diable

Depuis une dizaine d’années, une maladie contagieuse est en train de décimer la population de diables de Tasmanie. C’est pourquoi le Tasmanian Devil Conservation Park les élève en captivité. Le jour où il n’en restera plus un seul dans la nature, ils auront des bêtes à réintroduire. Cependant, il faudra être certain qu’il n’en reste plus un seul afin que la maladie ne se propage point parmi les nouvelles bêtes. Ceux au parc sont en pleine forme! On a adapté les animaux à un horaire diurne plutôt que nocturne en les nourrissant en plein jour. Voici une vidéo de deux d’entre eux en train de se battre pour un bout de viande.


Le parc a aussi d’autres animaux comme des oiseaux de proie, et des kangourous. On a pu d’ailleurs nourrir ces derniers.
Un quoll, un autre animal vorace.

Le contenu de ma main rapidement dévoré par
le kangourou.

Voilà, c’était notre dernier arrêt avant de retourner à Hobart. Ce soir-là, je suis sortie avec Jacinthe, une amie du swing. Tous les vendredis, il y a un concert gratuit près de la place Salamanca. Après le set du groupe ska on est allé manger des fruits de mer, miam!
Le lendemain, je suis repartie pour Melbourne chez Claudine et Simon, le temps de deux dodos pour mes derniers préparatifs avant de quitter le pays. On a écouté deux des films des Pirates des Caraïbes pour être prêts pour le dernier volet en version 3D imax, et après le film dimanche soir, j’ai fait la surprise à des amis en allant danser à la soirée blues. Je me suis aussi envoyé 3 kg de souvenirs, question d’avoir encore un peu de place pour mes prochains arrêts…

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